© Desgagné, S. et Gervais, F. (2000).

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Préambule : Cette situation remonte aux débuts de ma carrière d'enseignant. Les postes d'enseignants étant presque inexistants, on se devait d'être polyvalents si on voulait exercer notre profession. J'ai occupé des emplois précaires dans des classes d'adaptation scolaire. Par la suite, j'ai enseigné la musique au primaire. L'occasion d'enseigner dans une classe régulière s'est présentée après quelques années. Je vous présente donc un geste important que j'ai fait pour changer l'image que plusieurs élèves avaient de moi.

TITRE: JE REPARS EN NEUF

Comme beaucoup d'enseignants qui ont commencé dans les années '80, j'ai occupé des emplois précaires pendant assez longtemps. J'avais des notions de base en musique et on m'a demandé de faire une suppléance en enseignement musical. Dans ces situations, les directions d'école prenaient les gens qui avaient leurs études en musique, mais s'ils ne les avaient pas et s'ils semblaient être capables de tenir une classe et d'animer, alors on les engageait. Pour ma part, c'est dans ce contexte que j'ai eu le poste. Avec le temps, j'ai réussi à occuper cette tâche pendant trois ou quatre ans. J'avais à faire trois, quatre ou cinq écoles ; tout dépendait des années. Alors j'étais, comme disaient certains confrères et consoeurs, quelqu'un qui « donne des périodes libres ».

Je veux situer le contexte, parce que c'est assez particulier. À l'époque, c'était plus ou moins organisé ; je faisais quatre écoles et j'avais environ 400 à 450 élèves. C'était beaucoup de promenade. Le matin j'allais à une école, le midi je me déplaçais et l'après-midi, je devais me retrouver dans une autre école. Il s'agissait de petites écoles. Je traînais mon matériel dans ma voiture ; je ne pouvais pas me permettre de prendre le temps de m'asseoir avec les enfants, de faire une mise en situation, parce que je devais les évaluer. J'entrais dans la classe et ça roulait. Au deuxième cycle, c'était le party lorsque j'arrivais. J'avais à enseigner la flûte à bec ; je devais être ferme et j'étais pratiquement reconnu comme le bourreau, car j'étais très froid. J'étais présent à peu près un avant-midi, deux avant-midi ou deux après-midi par semaine. J'arrivais, je dînais dans la voiture en chemin, je donnais mes périodes, je repartais, je prenais mon sac et je revenais peut-être trois jours après. Alors, je n'étais pas impliqué (1).

Ma réputation était faite ; c'était probablement un gros bouclier en béton armé que je m'étais mis, sinon, c'était la dépression nerveuse. Je faisais une job, mais je n'étais pas heureux. Je trouvais ça excessivement difficile ; je voulais m'en aller dans un poste au secteur régulier. À un certain moment, j'ai eu la chance d'accéder à un poste régulier ; j'avais déjà enseigné dans cette école, c'était alors plus facile. C'était mon école d'attache, car je connaissais le personnel et les élèves. J’ai eu un poste en troisième année et j'ai passé une belle année dans mon domaine ; j'ai vécu avec des enfants du matin au soir, j'ai établi une relation avec eux, je ne faisais pas que donner des périodes, c'était un programme que j'abordais. Naturellement, quand j'ai terminé mon année scolaire, j'ai été mis en surplus. Au mois de juin, on m'avait dit qu'on ne savait pas dans quelle école je serais transféré. Un peu avant la rentrée scolaire, j'ai reçu une lettre me disant que je m'en allais en sixième année ; c'était dans une autre école, encore plus loin, où j'avais enseigné la musique et où j'avais eu des problèmes, de gros problèmes. Déception totale pour moi et déception totale pour les élèves à qui j'avais enseigné la musique pendant trois ou quatre ans, pour qui j'étais le préfet de discipline, plutôt que le prof de musique. C'étaient des enfants qui étaient ensemble depuis la première année, alors ils se connaissaient très bien. Il fallait que je travaille, je n'avais pas le choix. C'était un défi à relever, mais comment m'y prendre ? Il fallait trouver une solution, je ne savais pas laquelle, mais il fallait que je réussisse à embarquer ces enfants-là ; ce n'était pas évident.

J'ai paniqué un peu, car je savais que j'étais attendu par les enfants et par les enseignants qui se disaient probablement : « Ah, lui, il a enseigné la musique, il avait un peu de difficulté dans ses groupes, il va avoir du plaisir. » J'étais très anxieux d'enseigner en sixième année ; c'était un nouveau niveau pour moi et ça m'énervait. Je me disais : « Est-ce que je vais être capable ? Est-ce que je vais être à la hauteur ? Est-ce que je vais être assez préparé pour leur donner la matière ? » Tout ça, en étant préoccupé du fait qu'on les prépare pour le secondaire. J'étais attendu et je voulais changer mon image afin d'accrocher ces jeunes-là, en partant, dès le mois de septembre. Avec ma petite expérience comme spécialiste, je me disais : « Si je ne les ai pas tout de suite, ça va être le party toute l'année, pour eux et pour moi aussi. »

Après avoir vécu une année à enseigner au secteur régulier, après avoir eu du plaisir, avoir établi des relations avec mes élèves, je n'avais pas le goût de revivre la situation vécue quand j'étais spécialiste. Je détestais ça parce que ce n'était vraiment pas moi. J'ai parlé à des amis de mon transfert à telle école, en sixième année et que j'y étais attendu avec une brique et un fanal. Je leur ai demandé comment m'y prendre pour accrocher ces élèves, pour arriver avec une image positive, pour leur montrer que j'étais intéressé à les prendre et à passer une belle année. Un de mes amis, un directeur d'école qui m'a donné la chance de rentrer dans le système scolaire après avoir vu ma façon de travailler, m'a dit : « Avec les connaissances et les habiletés que tu as, je vais te donner une suggestion : prends-la si tu veux, mais selon moi, ça pourrait très bien marcher. » Il m'a suggéré de faire, en début d'année, une classe verte avec les enfants : il s'agit de partir deux jours et une nuit dans un camp. Il me disait : « Selon moi, tu aurais probablement plus de chance. Moi, pour l'avoir fait, je peux dire que j'ai vécu une relation extraordinaire parce que tu vis 24 heures sur 24 avec eux. »

J'avais beaucoup confiance en ce directeur ; c'est une personne que j'admirais au niveau pédagogique, car il avait le tour de motiver son personnel et les élèves. S’il me donne cette suggestion, probablement que ça doit marcher ; il m'a donné confiance. Je m'étais donné comme priorité d'établir une bonne relation avec les élèves. Si je les ai de mon côté en partant, j'ai 90% du travail de fait. Je lui ai dit que c’était une bonne idée. Quelques jours avant le début des classes, j'appelle mon nouveau directeur et je lui suggère cette activité ; lui aussi a trouvé que c’était une très bonne idée et il l'a présentée au comité de parents. J'avais trouvé un endroit qui ne coûtait pas cher : un camp de scouts. Les enfants apportaient leur lunch : ça coûtait peut-être 10 dollars par élève pour les 48 heures, incluant le transport. Une de mes amies, enseignante en statut précaire et sans emploi, a accepté de m'aider. Nous sommes allés au camp pour voir de quoi ça avait l'air : il y avait le dortoir pour les garçons, le dortoir pour les filles, une place pour faire la cuisine et un grand boisé à l'arrière. On a organisé un rallye et toutes sortes d'activités pour occuper les enfants.

En commençant l'année, j’ai vu dans le regard des élèves, qu’ils se disaient : « Ah non ! Ce n'est pas lui qui s'en vient ici, ça ne sera pas drôle cette année. » Je me sentais très anxieux, très nerveux, je ne voulais pas perdre la face, je voulais aussi que ça marche à mon goût, j’avais dix mois à vivre avec ces enfants. Je n'avais jamais enseigné en sixième année et ça m'énervait. Alors j'ai suggéré le projet aux enfants, ils l’ont accepté. Je dois dire que les deux premières semaines ont été correctes ; je dirais correctes, mais sans plus. C'était une relation ordinaire, celle du maître en avant d’une classe. J’enseignais mais je ne recevais pas grand chose, je n'avais pas de plaisir. J'avais quelques têtes fortes qui me regardaient de loin ; je les connaissais, parce que je leur avais déjà enseigné. Il ne fallait pas que je me trompe, j'avais peur qu'il y ait des conflits avec les élèves ou avec moi. J'avais peur que ça soit plate...

Donc, après deux semaines, nous partons ; les enfants semblaient enchantés de partir, mais avec une réserve. Tous les plans étaient établis ainsi que le fonctionnement : je les avais divisés en équipes, c'était beaucoup d'organisation. Ça s'est passé d'une façon extraordinaire ! On est allés dehors, on a fait des jeux d'hébertisme, on a fait notre rallye, le soir, avec des chandelles, on a ri. J'avais caché un fantôme quelque part, je les ai agacés et on a fait de la popote ensemble. Je me souviens en particulier d’une élève, une de mes têtes fortes. Elle avait à éplucher des oignons ; je lui disais qu'elle était très braillarde et c'est pour cette raison qu'on l'avait mise là. Je l'ai beaucoup agacée. Quand tu mets un esprit positif, tu as du plaisir. Je me souviens d'un autre fait cocasse : on avait fait un macaroni et il y en avait en trop grande quantité, trois fois plus qu'il n'en fallait. Les élèves m'avaient agacé à ce sujet et je leur ai dit que je leur préparerais un plat à apporter à la maison. Dans un autre contexte, on a vu qu'on pouvait rire, avoir du plaisir. Les élèves m'ont vu sous une autre facette, et moi aussi j'ai découvert des personnes que je connaissais à titre de spécialiste. Je les ai connus sous une autre facette, j'ai vu mon comique, mon leader... On a passé 48 heures dans le respect et dans le plaisir.

Nous sommes revenus un vendredi soir ; les enfants sont retournés à la maison, ils ont passé la fin de semaine. Le lundi matin, on en a reparlé ; on a reparlé des blagues, des petits événements qui étaient arrivés. J'ai vu tout de suite un changement radical chez les enfants. J'ai senti qu'il y avait une tension qui s'était dissipée. Ils ont vu que le prof était un être humain qui pouvait rire, qu’il avait ses défauts, ses qualités, qu’il y avait des règlements. J'ai appris à connaître les enfants d'une façon différente ; je pense que même si je ne les avais pas connus avant, j'aurais appris à les connaître d'une autre façon, dans un milieu ouvert. J'ai vu tout de suite un changement d'attitude probablement chez moi, puis un changement d'attitude chez les enfants. À partir de là, on s'est respectés et ce fut une de mes plus belles années d'enseignement ; j'ai eu du plaisir. Environ trois ou quatre jours après notre retour en classe, je me souviens de la petite leader négative qui est arrivée en me disant qu’elle avait un cadeau pour moi. Je suis resté surpris ; elle m'avait apporté un gros oignon !

Je suis revenu de ce camp plus confiant en me disant que j'avais une belle classe. Je pense que je les craignais plus qu'ils me craignaient. En fait, j'avais aussi beaucoup de craintes au niveau pédagogique. Avec le temps, je me suis senti rassuré quand j'ai vu que j'avais réussi à passer ma première étape et que les enfants ont appris. Je suis arrivé avec les mêmes examens que les groupes de sixième année des autres écoles et mes élèves ont réussi, avec des résultats forts, moyens et faibles, dans la moyenne à peu près ; là, j'ai vu que j'étais capable. C'est surtout grâce à ma relation avec les enfants (2) que l'anxiété est partie, après le camp.

En ce qui concerne mes collègues, j'étais une personne qui faisait ses affaires. Je me suis impliqué au niveau de l'équipe-école ; ils ont vu que je pouvais aussi m'impliquer. De toute façon, c'est avec mes élèves, dans la classe, que je vis. Durant les périodes libres, je préparais mes affaires, on a tellement de travail quand on commence un nouveau niveau. Je travaillais aussi le soir chez moi. Sur l'heure du midi, je mangeais mon sandwich, puis j'allais dans ma classe pour tout préparer (3). Je n'avais pas de matériel pédagogique, je montais tout, tout mon matériel ; dans ce temps-là, on ne travaillait pas avec des cahiers d'exercices. Je me souviens d'une remarque d'un enseignant en particulier qui m'avait dit : « Quand je t'ai vu arriver ici, je n'avais aucune confiance en ce que tu pourrais faire. D'après les commentaires que j'entends des enfants et des parents, ça a été super. » Je lui ai répondu : « N'oublie pas que les enfants m'ont donné un bon coup de main parce qu'ils se sont impliqués. » Ce fut une année extraordinaire !

L'objectif de l'activité était d'établir d'abord un climat de confiance, d'apprendre à se connaître en tant qu'êtres humains et de vivre quelque chose de différent hors des cadres de l'école. Avec mon vécu, je me suis aperçu qu'on peut faire beaucoup de sorties avec les enfants. Les enfants, et même moi, on a des comportements plus naturels. Au début, ce qui est moins le cas maintenant, j'étais plus naturel lors des sorties avec les enfants, j'étais plus relaxe que dans un cadre scolaire ou dans le rôle de professeur où je devais enseigner. Je voulais qu'ils me voient moi, en tant qu'être humain, et non en tant que prof sévère qui arrive, qui donne ses règlements et pour qui il faut que ça fonctionne de telle façon et pas d’une autre. Je voulais une relation d'humain à humain ; je voulais changer mon image, car j’avais enfin la chance de m'en aller dans ce que je voulais faire. Je voulais être plus heureux et plus détendu là-dedans aussi. Quand je m'en allais travailler, je voulais avoir du plaisir. Pour avoir du plaisir, il faut que je sois bien et que ceux avec qui je suis le soient aussi. J'avais pensé lâcher l'enseignement et faire autre chose, c’était un peu comme ma dernière chance. Je n’avais pas étudié comme spécialiste de musique, je le faisais pour travailler. Mais avec un poste au régulier, ce n'était pas la même chose, je me disais : « Si je ne suis pas capable de le faire et d'être heureux, de faire un bon travail, je suis mieux de changer de job. » Je me suis aperçu que j'étais capable.


1- Ce pourquoi il faut s'impliquer.

Je me suis aperçu que lorsqu’on ne s'implique pas dans un milieu, c'est difficile d'impliquer les enfants. Alors, comme spécialiste, je n'étais pas impliqué et les enfants n'étaient pas impliqués vis-à-vis de moi. Il faut dire que c’était une situation difficile pour vraiment s'impliquer. Je me suis aussi aperçu qu’en les ayant du matin au soir et en vivant une relation maître-élèves, il y avait une véritable implication. Si tu n'es pas impliqué avec tes jeunes, eux ils ne s'impliqueront pas. Si la relation est de travers, tu as beau être le meilleur, avoir les plus belles préparations de classe du monde, ils ne sont pas intéressés, il n'y a absolument rien qui passe. Aujourd'hui, je suis beaucoup moins anxieux qu’à mes débuts dans l'enseignement ; je sais où je m'en vais. Si on me changeait de niveau demain matin, oui, ça m'énerverait un peu, mais je connais le roulement, je connais les élèves, je sais ce qu'est un groupe d'élèves, je sais comment approcher des enfants. J'ai moins de choses à me prouver ; j'avais un grand besoin de faire mes preuves. Je devais prouver à mes employeurs que j'étais bon, que j'étais fin ; je voulais surtout que mes élèves réussissent. Alors, je me mettais de la pression, ce qui était tout à fait normal, je pense. Maintenant, non pas que je sois meilleur que j'étais, mais je sais plus où je m'en vais et je me dis que si l'objectif n'est pas atteint telle journée, il va probablement être atteint trois jours plus tard. Je me mets beaucoup moins de stress et probablement que ça se ressent chez les enfants. Cette année, j'ai encore changé d'école après quatre ans. J'avais un certain stress, une certaine anxiété, les collègues, les enfants, un nouveau milieu tout ça, mais je suis reparti en me disant que les enfants, qu'ils soient ici ou ailleurs, ça reste des enfants. La relation avec les enfants, je l'ai !

2- Ce qui est le plus important pour lui.

La chose plus importante est d'établir une relation de confiance et je l'ai appris avec le temps. Même si pendant trois ans on me l'a dit à l'université : « Vous n'êtes pas là pour remplir des cruches. » Moi, je suis arrivé avec mes connaissances et je remplissais mes cruches. J'ai appris, avec les années, à me dire : « Oui, j'ai des connaissances, mais ce ne sont pas des cruches. On va établir une relation d'humain à humain et on va établir un climat agréable. Puis on va leur donner la confiance en eux, le goût d'apprendre. » Ces façons peuvent être différentes des miennes, parce que les enfants nous apprennent des façons différentes des nôtres. On pense qu'il n'y a qu'une façon d'apprendre, mais on s'aperçoit, quand on les écoute, qu'ils arrivent avec des façons différentes de nous montrer ou d'apprendre des choses. Lorsque tu les écoutes, que tu prends le temps, tu t'aperçois qu’ils ont des idées. Pour donner confiance, il faut que tu aies d'abord confiance en toi. Je dis toujours que si je réussis à leur donner la confiance en eux, j'ai fait une excellente job.

3- Le travail d'un enseignant débutant.

On pédale ! C'est très énervant, on ne sait pas où on s'en va, on prépare des choses et on se dit que ça va être extraordinaire, puis on s'aperçoit que ça a pris une demi-heure et que tout est fait ou qu’ils ont l'air de trouver ça plate. Tu te dis : « J'ai mis à peu près une fin de semaine d'énergie là-dedans, pourquoi ça n'a pas marché ? » Je pense que c'est normal ; tous les enseignants ont vécu cette expérience. C'est très difficile. J'ai choisi ce récit particulier parce que, par après, j'ai toujours eu une petite anxiété vis-à-vis du groupe ; j'ai changé de niveau plusieurs fois et j'ai toujours eu cette anxiété-là, mais ce n'était pas aussi intense. J'ai choisi de rencontrer les enfants dans un autre contexte que celui de l'école. Bon, probablement que ça aurait marché avec les élèves, probablement que par ma personnalité, j'aurais réussi à les avoir, mais ça aurait été beaucoup plus long. J'ai une personnalité comme ça, j'agace beaucoup les élèves et j'aime que les élèves m'agacent, mais toujours dans le respect. J’ai trouvé que cette expérience m'a sauvé un temps énorme.

Si j'avais un conseil à donner à l'enseignant qui débute, je lui dirais : « Il faut d'abord que tu saches où tu t'en vas, que ton matériel soit préparé, c'est de l'organisation. Après, tu commences tranquillement pas vite à établir des relations de confiance avec eux. » Tout ça a l'air bien beau à dire, mais établir des relations de confiance avec eux, c'est d'abord établir un climat de confiance : ne pas rabaisser les élèves, ne pas crier, établir des règles de vie dans la classe et les respecter, les écrire avec eux ; donc, en partant, tu les impliques. Même si tu prends deux ou trois jours, tu es mieux de perdre du temps au début pour le regagner après ; tu les fais verbaliser là-dessus, tu mets les règles très claires. Ce que j'ai appris avec les années, ce n'est pas de dire : « Tu ne fais pas ça ! », mais plutôt : « Les règles, la vie de la classe ne te permettent pas de faire cela ! » Ce n'est plus la même situation: « Ce n'est pas moi qui ne veux pas que tu fasses ça, ce sont les règles qu'on a établies ensemble. » Les enfants le comprennent bien. En début d'année, je mets toujours sur pied une petite activité : une recherche, une présentation de sa famille. Ils ont la semaine pour la préparer, puis ils viennent la présenter en avant. Ainsi, on apprend à se connaître. Avec une telle activité pour commencer, habituellement, ça fonctionne bien.

Je conseillerais aussi à celui ou celle qui commence dans le métier de ne pas avoir peur d’aller voir quelqu'un en qui il a confiance (dans sa famille, ses amis) et qu'il ne se gêne pas de raconter ses peurs, ses mauvais coups puis ses bons coups. Parfois, on aurait le goût de les raconter, mais on ne les raconte pas. Je pense qu'il faut aller voir quelqu'un en qui on a confiance.